from Poèmes by Louise de Vilmorin

(Gallimard, 1970)

Il Vole

 

En allant se coucher le soleil

Se reflète au vernis de ma table :

C’est le fromage rond de la fable

Au bec de mes ciseaux de vermeil.

 

—Mais où est le corbeau?—Il vole.

 

Je voudrais coudre mais un aimant

Attire à lui toutes mes aiguilles.

Sur la place les joueurs de quilles

De belle en belle passent les temps.

 

—Mais où est mon amant?—Il vole.

 

C’est un voleur que j’ai pour amant,

Le corbeau vole et mon amant vole,

Voleur de cœur manque à sa parole

Et voleur de fromage est absent.

 

—Mais où est le bonheur?—Il vole.

 

Je pleure sous le saule pleureur

Je mêle mes larmes à ses feuilles

Je pleure car je veux qu’on me veuille

Et je ne plais pas à mon voleur.

 

—Mais où donc est l’amour?—Il vole.

 

Trouvez le rime à ma déraison

Et par les routes du paysage

Ramenez-moi mon amant volage

Qui prend les cœurs et perd ma raison.

 

Je veux que mon voleur me vole.

 

***

He Flies

 

While setting the sun

Is reflected in the varnish of my table:

It is the round cheese of the fable

In the bill of my vermillion scissors.

 

—But where is the crow?—He flies.

 

I would like to sew but a magnet

Lures all my needles to him.

In the square the ninepins players

pass the time from one strike to another.

 

—But where is my love?—He steals.

 

I have a thief for a lover,

The crow flies and my lover steals,

The thief of heart neglects his word

And the thief of cheese is absent.

 

—But where is joy?—It flies.

 

I cry under the weeping willow

I mix my tears with its leaves

I cry because I want someone to want me

And I don’t delight my thief.

 

—But where then is love?—It flies.

 

Find the rhyme in my insanity

And by the country routes

Bring back my flighty lover

Who takes hearts and squanders my reason.

 

I want my thief to steal me.

 

Photo By: Robert Croma