from Poèmes by Louise de Vilmorin

(Gallimard, 1970)

Mon Cadavre Est Doux Comme Un Gant

 

Mon cadavre est doux comme un gant

Doux comme un gant de peau glacée

Et mes prunelles effacées

Font de mes yeux des cailloux blancs.

 

Deux cailloux blancs dans mon visage,

Dans le silence deux muets

Ombrés encore d’un secret

Et lourds du poids mort des images.

 

Mes doigts tant de fois égarés

Sont joints en attitude sainte

Appuyés au creux de mes plaints

Au nœud de mon cœur arrêté.

 

Et mes deux pieds sont les montagnes,

Les deux derniers monts que j’ai vus

A la minute où j’ai perdu

La course que les années gagnent.

 

Mon souvenir est ressemblant,

Enfants emportez-le bien vite,

Allez, allez, ma vie est dite.

Mon cadavre est doux comme un gant.

 

***

My Corpse Is Soft Like a Glove

 

My corpse is soft like a glove

Soft like a glove of icy skin

And my pupils, effaced,

Make of my eyes white stones.

 

Two white stones in my face,

In the silence two mutes

Still shadowed from a secret

And heavy with the dead weight of images.

 

My fingers so many times lost

Are joined in a saintly attitude

Pressed to the hallow of my moans

At the knot of my arrested heart.

 

And my two feet are mountains,

The last two mounts I saw

The minute I lost

The race the years win.

 

My memory is lifelike,

Children, take it quickly,

Go, go, my life is told.

My corpse is soft like a glove.

 

Photo By: i k o